Ouverture de la 34e édition des Nuits Atypiques à Podensac

Ce dimanche 8 Juin, se déroulait l’inauguration de la 34éme édition des Nuits Atypiques dans le verdoyant Parc Chavat de Podensac, un festival iconique, éclectique, ouvert sur nos diversités, nous rappelant une fois de plus la nécessité de la culture dans nos quotidiens.

Un groupe entièrement féminin, et non des moindres, était mis à l’honneur : Suraras do Tapajós. Elles nous ont touché par cette voix collective puissante, ses valeurs féministes et activistes, son univers festif et sa portée résistante. Suraras do Tapajós est un groupe de carimbó créé par des femmes indigènes brésiliennes, les 8 artistes chantent, jouent, et dansent en portant, à travers leur patrimoine culturel vivant et vibrant des sujets liés aux droits des femmes, à la préservation de l’environnement, à la défense des territoires et des peuples premiers. Un grand cri d’amour et de révolte pour l’Amazonie.

A cette occasion festive, il nous a paru important de rappeler notre contexte politique, en France et hors de nos frontières. La culture nous est chère, la résistance est notre humanité. Nous devons défendre avec force la justice sociale, le respect des Droits de l’Homme, l’espoir et la solidarité.

Discours d’ouverture

C’est avec une réelle émotion que je m’exprime devant vous ce soir et je tiens à remercier Céline Lacombe de m’avoir ouvert cet espace de parole, pour l’inauguration d’un festival dont les valeurs s’enracinent profondément dans celles que je porte et que je défends farouchement au quotidien dans mon action politique.

D’abord celles de la rencontre et du lien car elles sont mises en avant dès la construction de ce festival, à travers le partenariat local avec les communes, associations, opérateurs culturels, médiathèques, cinémas de proximité, partenaires et lieux privés, citoyens et avec l’appui de nombreux bénévoles.
Je tiens à les féliciter et à les remercier de tenir bon et de permettre la pérennité de ce festival ô combien précieux et important pour notre territoire.

Car nous sommes dans un contexte particulièrement défavorable dans lequel un gouvernement illégitime continue de paver le chemin de l’extrême droite en s’attaquant au service public de la culture et à ses missions d’émancipation des Françaises et des Français, dans une vision obscurantiste désormais assumée. L’inclusion du Puy-du-Fou dans les offres disponibles du Pass culture, sur la demande du RN en est une illustration.

À l’échelle nationale, en dépit de ses dénégations condescendantes, la ministre de la culture sabre les moyens de son Ministère en baissant son budget de 130,5 millions d’euros, dont 41,9 millions en moins pour la création artistique et 33 millions en moins pour les crédits dédiés à la transmission des savoirs et la démocratisation de la Culture.
À titre d’exemple, ce coup de rabot imposé contre le Parlement (car je rappelle que nous n’avons pas pu voter de budget depuis 2022) a d’ores et déjà entraîné une chute de 54% du nombre de spectacles joués durant la saison 2024-2025 par rapport à la saison précédente, selon l’Association des Professionnel·les de l’Administration du Spectacle.

Alors, encore une fois, un immense bravo et mille mercis aux petites mains et aux grands esprits, mais aussi aux grandes mains et aux petits esprits, merci aux petites fortunes et aux grands argentiers de tenir bon face à l’adversité et de permettre pour la 34ème fois cette fête de la culture et cette synergie si nécessaire.

Car les collectivités territoriales ne sont pas épargnées par l’assèchement des finances et je tiens à saluer leur soutien indéfectible à ce festival.
Et ce qui est magnifique aussi, au-delà de l’organisation soucieuse des humains et de leur environnement, car rien n’est laissé au hasard, du covoiturage, aux règles de vie sur les sites, ce qui est magnifique c’est l’écoute des musiques et des cultures du monde, d’ici et d’ailleurs, qui sont le reflet de notre société cosmopolite. A rebours de la société raciste et xénophobe dans laquelle les médias mainstream essayent de nous faire plonger, les Nuits Atypiques soutiennent l’expression de la diversité culturelle dans un esprit d’ouverture, d’expérience, de rencontre et d’échange. Elles persistent à jeter des ponts entre enracinement local et ouverture sur le monde, quête de soi et découverte de l’autre, écoute et compréhension, dans un désir de résistance à l’intolérance et au repli sur soi.

Et nous avons besoin de cet oxygène que vous nous offrez, A un moment de l’histoire particulièrement tragique où le triomphe du capitalisme financiarisé et de la prédation qui le sous-tend, engendre les extrêmes droites les plus obscurantistes, qui nient le bouleversement climatique et hiérarchisent les humains.
A un moment de l’histoire où pour les mêmes raisons, la guerre sévit partout dans le monde : la guerre civile au Myanmar, au Soudan, en République démocratique du Congo (RDC), l’emprise des gangs en Haïti et plus près de nous, l’interminable guerre en Ukraine et l’ignoble génocide en cours à Gaza.
Je veux d’ailleurs avoir une pensée pour la flotille de la liberté qui tente en ce moment même d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza sans aucune escorte de nos armées européennes pour assurer leur sécurité, en dépit des milliers de demandes faites auprès des gouvernements.

Alors, oui ! Je l’affirme ici, la politique culturelle est un des ciments de notre République. Qui permet de forger des citoyens éclairés, enrichis par le contact avec les arts, avec les musiques et leurs esthétiques multiples.
Qui permet la découverte de l’altérité, la sensibilisation aux différences, le rejet du racisme et de l’intolérance, la prise de conscience citoyenne.
Qui nous permet de mieux comprendre le monde et d’y agir.
Elle est l’héritage des Lumières et de leur aspiration émancipatrice. La solder, c’est laisser la production culturelle aux mains des dominants et de leurs funestes ambitions politiques.

Alors ne lâchons rien ! Continuons sans relâche notre combat pacifique pour la beauté, la poésie et l’ouverture sur le monde.

Merci à vous de le faire vivre de façon aussi éclatante et longue vie au festival des Nuits Atypiques.