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La Poste : comprendre cette situation en tension

18 février 2025

Les dysfonctionnements de distribution du courrier à La Poste, qui ont touché particulièrement la Nouvelle-Aquitaine et, plus spécifiquement, les secteurs de Monségur et Sauveterre-de-Guyenne, ont été au cœur des discussions récentes entre les délégués régionaux de La Poste et les représentants locaux. En toile de fond de cette situation, plusieurs défis sont mis en évidence, allant des difficultés internes liées aux effectifs, aux hausses imprévues de la charge de travail, et à l’évolution du secteur postal en pleine transformation.

Une hausse du volume de courrier mal anticipée

Les mois de novembre et décembre ont vu un afflux important de colis et de courriers, notamment liés au Black Friday et aux fêtes de fin d’année. Bien que la hausse ait été anticipée grâce à des systèmes de gestion prévisionnelle basés sur l’intelligence artificielle, celle-ci s’est avérée plus conséquente que prévue. Les absences imprévues, notamment dues à une épidémie de grippe, ont aggravé la situation, rendant difficile la gestion de ces pics de flux.

Sur la plateforme industrielle de courrier (PIC) de Cestas, qui traite jusqu’à 1,5 million de plis par jour, les difficultés se sont concentrées sur le courrier non mécanisable, souvent de gros formats, qui nécessite un tri manuel. Le manque de personnel qualifié dans ce domaine, combiné à un afflux massif de colis, a conduit à des retards importants dans la distribution, notamment des lettres manuelles.

Les causes de la surcharge et l’optimisation des processus

La situation est exacerbée par un manque récurrent de personnel. À Cestas la mauvaise anticipation a abouti à régler les difficultés de tri très tardivement, par le recours à des intérimaires en janvier ayant permis d’ajouter environ 175 heures de travail de tri par jour.

Dans le cadre de la réorganisation de La Poste, une priorité a été donnée à l’optimisation des flux de travail, avec notamment la centralisation des plateformes et le recours aux machines pour trier une majorité de courrier. Cela a permis d’améliorer l’efficacité des équipes, mais n’a pas pu compenser les manques de main-d’œuvre dans les secteurs plus spécialisés comme le tri des colis et du courrier non mécanisable.

Les enjeux humains et sociaux

La situation s’est également aggravée par des tensions internes liées à des conditions de travail difficiles. Les équipes ont évoqué un climat de travail de plus en plus pressurisé, les effectifs étant souvent insuffisants pour gérer la charge de travail. Cette pression constante engendre une démotivation croissante, exacerbée par des salaires jugés insuffisants et des possibilités limitées de télétravail, rendant certains postes moins attractifs. Le turnover est ainsi élevé, et des efforts sont nécessaires pour réengager les agents et améliorer les conditions de travail.

La gestion des risques psycho-sociaux et le bien-être des agents ont été des sujets importants de discussion. Un « baromètre de l’engagement » est utilisé pour évaluer l’efficacité des actions internes, mais il reste encore des progrès à faire pour améliorer la situation. De plus, la fermeture de certains centres de tri, comme celui de Poitiers, a exacerbé la pression sur les équipes maintenues et les problématiques de réintégration de personnel.

La réorganisation du secteur postal et ses effets sur la ruralité

Dans la ruralité, des défis spécifiques apparaissent, notamment à Sauveterre-de-Guyenne, où des mesures de sécurité liées aux travaux en cours ont contraint La Poste à adopter des solutions de distribution alternatives. Un système de mise à disposition du courrier au bureau de poste a été mis en place, mais des personnes âgées ou à mobilité réduite ont dû faire face à des difficultés d’accès. Ce type de situation met en lumière l’importance de maintenir une proximité avec les usagers tout en adaptant les solutions à la réalité des territoires.

Des solutions et demandes pour l’avenir

Dans ce contexte, plusieurs demandes ont été formulées par les représentants syndicaux et les délégués régionaux :

Du côté des délégués régionaux de La Poste :

Un financement plus équitable des missions de service public de La Poste, notamment pour la distribution de la presse, qui entraîne un déficit de près de 500 millions d’euros par an. Ils appellent également à l’ouverture de nouveaux marchés pour permettre à La Poste de se réinventer, en s’inspirant par exemple des pratiques observées en Espagne, où La Poste a un rôle important dans les démarches administratives des citoyens.

Les délégués ont aussi souligné l’urgence de réformer le modèle de distribution, avec des expérimentations menées sur de nouveaux horaires d’ouverture des bureaux postaux. Malgré ces efforts, la baisse des fréquentations des bureaux reste visiblement une tendance inexorable, poussant La Poste à se réinventer pour rester compétitive dans un monde où le numérique prend de plus en plus de place.

Du côté des représentants syndicaux :

Les syndicats dénoncent également la réduction drastique des moyens syndicaux, divisés par dix après la centralisation des plateformes courrier sous un seul établissement, ce qui complexifie la défense des salariés. La CGT et SUD soulignent la difficulté d’obtenir des expertises indépendantes sur les conditions de travail et le suivi médical des agents.

Une autre revendication clé concerne la réintégration des intérimaires. L’arrêt soudain du recours à l’intérim a aggravé la surcharge des équipes, alors que l’embauche temporaire de 25 intérimaires sur 10 jours avait permis d’ajouter 175 heures de tri quotidien. Aujourd’hui, avec en moyenne seulement 140 heures de tri par jour, les agents doivent soulever entre 7 et 9 tonnes de courrier quotidiennement, dans un travail pénible et cadencé.

Les syndicats demandent également une anticipation des besoins en personnel, à l’image de la plateforme de Cadaujac qui recrute en amont des pics d’activité. Ils dénoncent par ailleurs la fermeture du centre de tri de Poitiers, qui s’est faite sans anticipation, aggravant les difficultés de gestion du courrier non mécanisable.

Enfin, ils alertent sur les bas salaires des facteurs, jugés insuffisants pour attirer et fidéliser du personnel, et dénoncent une pression accrue sur les agents, impactant l’ambiance de travail et la motivation.

Malgré les bénéfices du groupe La Poste (1,2 milliard d’euros en 2024), la branche courrier affiche un déficit d’un milliard d’euros. Les syndicats réclament donc un réinvestissement des profits issus de la Banque Postale, du colis et de la finance dans le service public postal afin d’assurer des conditions de travail décentes et un service de qualité pour les usagers.

 

La situation à La Poste, notamment dans la circonscription de Monségur et Sauveterre-de-Guyenne, reflète des problématiques complexes liées à une réorganisation en profondeur et des difficultés d’adaptation aux nouveaux défis du secteur. Le déficit de moyens et le manque de personnel sont des réalités bien réelles qui impactent la qualité du service public, notamment dans les zones rurales. Toutefois, des solutions et des ajustements sont envisagés pour améliorer la situation et garantir la continuité du service public, tout en répondant aux besoins croissants des usagers.

Des discussions restent ouvertes pour mieux comprendre l’évolution des effectifs, les conditions de travail, ainsi que l’impact des réformes mises en place dans le cadre de la modernisation de La Poste. L’objectif est clair : améliorer la qualité du service tout en conciliant efficacité et proximité, des enjeux cruciaux pour nos territoires.

 

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