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#MaraudeSolidaire, un vendredi soir aux côtés du Collectif Envole Toit Sud-Gironde

Publié le : 2 avril 2025 | Mis à jour le : 14 avril 2025

Ce vendredi 28 Mars, nous étions accueillis à Saint Macaire par Elsa, assistante sociale de métier et bénévole impliquée dans le Collectif “Envole Toit”. Aux côtés d’autres bénévoles, nous sommes accueillis dans leur petit local, étagères soigneusement organisées, des tentes et des duvets de secours entreposés.

Ils nous exposent la vie quotidienne de l’association, des bénévoles, les petites galères et les grandes problématiques locales : méconnaissance (voir déni) de certaines collectivités sur la détresse sociale du territoire, le manque de structures d’accueil d’urgence, des personnes sans domicile fixe, injoignables,…
Ils nous expliquent leur quotidien, la confrontation à des situations éprouvantes et le besoin de consulter de temps en temps un psychologue pour les accompagner et tenir le coup.

 

Des rencontres émouvantes 

Les bénévoles nous racontent les différents chemins de vie des personnes, avec douceur et empathie, et nous rappellent que chacun a son histoire et que nous sommes tous, face aux aléas de la vie susceptibles d’être à leur place. « La descente peut être tellement rapide et écrasante » : burn-out professionnel, choc traumatique, licenciement,… Des personnes qui ne vont pas vers les services sociaux, qui n’ont plus de couvertures sociales, qui sont hors système et “se débrouillent” par eux-même.

Cinq accompagnés, cinq vies, cinq parcours

(* nous changeons les prénoms)

Bertrand et Julien : ils vivent à quatre dans un squat, un bâtiment voué à la démolition pour un nouveau projet immobilier avec l’aval du propriétaire et le financement par ce dernier de l’électricité et du chauffage. Le squat est entretenu et ils s’organisent comme ils peuvent dans cette colocation sommaire. Ils savent que c’est temporaire, ils ont la date de la démolition. Ils ont à peine quelques mois devant eux pour organiser demain.

Bertrand nous accueille avec sa petite chienne, collée à son maître, ou lui, collée à elle. Les bénévoles nous ont rappelé que les animaux sont l’ancrage de certaines personnes, ils sont ce lien non jugeant, ce lien social qui maintient dans l’espoir. Mais, les accueils et les hébergements n’acceptent pas toujours les animaux et ils préfèrent alors rester dehors, auprès d’eux, plutôt que de s’en séparer au profit d’un peu de confort.
Bertrand a un regard doux et profond, un sourire communicatif et nous raconte ses difficultés administratives quand on a, ni adresse postale (domiciliation), ni téléphone portable pour honorer certains rendez-vous. “La remontée est longue mais je m’accroche”.

Sylvie : jeune retraitée qui va de gîte en gîte. Elle se jette dans les bras d’Elsa, les yeux humides et décharge. Décharge sa colère du système administratif, de la complexité des dossiers, de la complexité de sa vie. Elsa et Hubert écoutent, soutiennent, et se rendent disponibles pour l’accompagner sur des rendez-vous spécifiques.

Stéphanie : elle est jeune, elle travaille, elle a eu des enfants très (trop) tôt. Le collectif l’a accompagné dans ses démarches d’un logement social. Elle fait un debrief à Elsa et Hubert de ses derniers jours. Les galères avec son employeur viticole qui l’exploite sans compassion, la difficulté de maintenir le lien avec ses enfants placés… Les bénévoles n’apportent pas que des denrées alimentaires, ils apportent ce lien hebdomadaire, humaniste et doux, de quelques dizaines de minutes où ils allongent leur to-do list et accueillent les histoires de chacun.

Olivier : Il a à peine 60 ans, agent espaces verts pendant plus de 15 ans, il cherche à retrouver un emploi à tout prix. Le collectif a été sollicité à la sortie d’une de ses hospitalisations après un drame personnel, lorsqu’il dormait dehors, sans rien, sans espoir sur son propre avenir. Le collectif a d’abord fourni une tente, un duvet, de l’équipement essentiel et ne l’a pas lâché. Il lui ont même trouvé un logement. Lui est bénévole dans une bibliothèque. Sa douceur et son dévouement sautent au visage.
Il avait réussi à trouver un emploi dans la vigne mais il n’était pas véhiculé. Alors il fallait faire du stop tous les matins et soirs, ou plus de dix kilomètres à pied avant d’embaucher… Forcément au bout de plusieurs semaines, il n’était pas assez “productif” ou “en forme”.

Ce vendredi, il nous accueille dans son petit appartement, petites plantes au pied de la fenêtre, logement minimaliste plus qu’impeccable, rasé de près. Ils mettent en commun les solutions sur lesquelles chacun a avancé pour qu’Olivier puisse être véhiculé et continuer ses démarches professionnelles. Les bénévoles de l’association se sont mis d’accord pour avancer la caution pour le scooter de location d’Olivier. Lui, accueille la nouvelle pudiquement mais on perçoit son espoir.  “Je n’ai jamais été aussi patient de ma vie, je me relève”.

 

Le Collectif Envole Toit Sud-Gironde

Fondée il y a 18 mois, l’association “Envole Toit” rassemble près de soixante bénévoles pour apporter leur aide et soutien aux personnes SDF et en situation précaire, notamment dans leur recherche de solutions concrètes de logement et d’hébergement en Sud-Gironde. “Envole Toit” est présente sur les 5 Communauté de communes du Sud-Gironde : dont Le Réolais en Sud-Gironde, Convergence Garonne et la Rurale de l’Entre-deux-Mers.

Le collectif se repose sur des dons provenant principalement du Aldi de Langon (notamment grâce à la loi sur le gaspillage alimentaire) ainsi que de collectes ponctuelles auprès d’autres supermarchés. Il attend pour cette année une dotation de Vie associative de La Région. Mais la principale ressource reste l’énergie des bénévoles et parfois malheureusement leurs économies personnelles pour l’urgence…

« Envole Toit » propose des hébergements d’urgence via leur réseau, des hébergeurs solidaires et d’un partenariat avec un hôtel. Il offre surtout cette humanité, ce lien social et attentif à la diversité des personnes et des situations.
Ils organisent des moments forts comme les « Session Jardinage » : Hubert, regard pétillant et humble, s’occupe tous les jours d’un espace potager, il l’entretien, le cultive et distribue les légumes cultivés. Ils y programme des grandes journées au jardin, faisant la navette pour aller chercher les personnes, rarement véhiculées.

Cette année, l’association accompagne 164 personnes, entre Bazas, La Réole, Langon, Cadillac, Villandraut, Sauveterre de Guyenne… Le périmètre géographique est particulièrement étendu et les demandes ne cessent d’augmenter tant le territoire manque de structures.
L’association sait s’entourer d’un réseau associatif stable et impliqué, Fondation IAD, Fondation Abbé Pierre, l’association “Poulette et compagnie” ou l’hôpital de Langon. Les services des CCAS accompagnent comme ils peuvent mais les collectivités ne s’impliquent pas financièrement, et ne donnent pas de subventions (pour l’instant 😉 ).

Dans le quotidien, des bénévoles impliqués personnellement…

Les 60 bénévoles réalisent 4 maraudes par semaine sur près de 40 kilomètres de rayon. Le collectif paye le loyer auprès d’un bailleur privé pour un petit local d’à peine 30m2 par manque de soutien foncier des institutions.
Ils se déplacent avec leurs véhicules personnels, ils louent sur fonds personnels le jardin potager et ont même payé la location d’une salle communale lors d’une soirée de noël pour partager, réunir, se faire rencontrer les différentes personnes accompagnées.
Ils se financent à l’aide d’événements (lotos, vide greniers, et dons). Une énergie folle pour gérer de l’événementiel juste pour de la collecte financière.

Le Sud Gironde est tout autant impacté que certains hyper-centres, ce sont des personnes du territoire, des langonnais ou des réolais de naissance qui ne veulent pas quitter leur commune pour aller à Bordeaux.
Alors, ils restent là avec leurs petits moyens et l’espérance de lendemains plus doux et plus chauds. Tous, on cette volonté de retravailler, de s’héberger.

Quand la vie nous fait sortir du « système », il faut une sacrée détermination et de belles personnes autour de vous pour y revenir…

Les responsabilités des collectivités et des budgets territoriaux

Lire la suite : « Quand les collectivités ne prennent pas la mesure du travail accompli par des associations indispensables »

 


Soutenir l’association par un don ou en devenant bénévole :
https://www.helloasso.com/associations/envole-toit-sud-gironde

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