Viticulture & Agriculture 🏛 À l'Assemblée Nationale

Les stratégies de marché de la filière vitivinicole face au « multifactoriel » et à la guerre commerciale imposée par Trump

Publié le : 10 avril 2025 | Mis à jour le : 14 avril 2025

Mercredi 9 avril 2025, les rapporteurs Sylvain Carrière et Sandra Marsaud ont présenté à la commission des affaires économiques le rapport de la mission d’information sur les stratégies de marché de la filière vitivinicole.

Mon intervention et mes questions auprès des rapporteurs

« La viticulture traverse une crise inédite, et de là où je viens – l’Entre deux Mers en Gironde – les effets de cette crise se font sentir à tous les niveaux. Je pense ici notamment à la situation de l’entreprise Yvon Mau à Gironde sur Dropt, qui se sépare de 80% de ses employés, soit 57 personnes.
La crise que traverse notre vignoble – élément culturel indissociable de l’histoire du bordelais et plus largement de la culture française – est multifactorielle, votre rapport l’étaye bien.

Si la déconsommation globale en est la cause première, les choix de production encouragés par une vision industrielle de la viticulture au sein des gouvernements successifs et d’une absence de planification écologique et sanitaire en sont également responsables.
Elle est également un aveu d’échec des politiques agricoles menées jusqu’ici : car la nécessaire diversification et reconversion se brise bien trop souvent sur la réalité – le renouvellement des générations freine ce processus alors qu’il devrait en être le moteur.

Ma première question concernera ce sujet : vous stipulez dans votre rapport que le plan stratégique national de la France pour la programmation de la PAC 2023-2027 prévoit une enveloppe d’aides annuelle de 269 millions d’euros pour la restructuration et la reconversion des vignobles.
Cette enveloppe est-elle intégralement utilisée chaque année ? Si non, pourquoi ? Et surtout pour quoi faire ? Etes-vous en mesure de détailler l’utilisation de cette enveloppe et l’efficacité des mesures entreprises ?

Par ailleurs cette crise viticole se voit aggravée par la guerre tarifaire lancée par Donald Trump. Comme votre rapport le rappelle, ce pays est la première destination d’expédition des vins et spiritueux français, avec un chiffre d’affaires annuel de 3,8 milliards d’euros. Avec les droits de douane brandis actuellement par l’administration américaine, l’interprofession estime à près de 800 millions les pertes potentielles pour la viticulture française. A la lecture de ces évolutions récentes, les recommandations 4 de ce rapport (différentes entre les deux rapporteurs) posent question. Madame Marsaud appelle de ses vœux à l’intensification des accords de libre-échange, je cite « sans que cela ne conduise à remettre en question les intérêts des autres filières agricoles françaises ».

Mais cela me semble méconnaitre les expériences historiques relatives à l’élaboration des accords de libre-échange : jamais un pays ne s’ouvre aux biens d’un autre sans faire valoir ses propres avantages comparatifs.

Dans la guerre tarifaire qui débute, l’angélisme et les vœux pieux n’aideront pas les viticulteurs français. Les accords de libre-échange tels que le MERCOSUR sont par ailleurs refusés par une immense majorité d’agriculteurs français, et à raison. C’est pourquoi j’aimerai poser une dernière question : que pensez-vous de la proposition de l’observatoire européen de la fiscalité, consistant à répondre à la guerre tarifaire trumpiste par l’instauration d’une taxe pesticide aux frontières de l’Europe ? Cette mesure pourrait permettre de répondre aux attaques venues de l’autre côté de l’atlantique, tout en prenant en compte les différences normatives entre les pays : rétablissant ainsi la compétitivité prix des viticulteurs français.

Enfin, ma dernière question portera sur les rémunérations. Car dans certains territoires, notamment sur ma circonscription, la question d’une rémunération digne se pose pour un très grand nombre d’exploitants prenant de plein fouet la crise viticole. Les négociations âpres entre grande distribution et caves coopératives en sont un exemple et une source d’inquiétude. Une stratégie potentielle ne serait-elle pas selon vous de mieux réguler le marché national, en garantissant des prix planchers – assurant une rémunération digne à tous les viticulteurs ? »


Mon intervention lors la commission des Affaires économiques
Article SudOuest.fr : Crise viticole : les emplois menacés sur le site de production Yvon Mau à Gironde-sur-Dropt
Crédits photos : Pexels

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