J’ai répondu ce matin à l’invitation de la maire de Créon et de son conseil municipal pour partager le généreux apéritif citoyen du 14 juillet. J’ai rappelé l’importance de cette date qui marque la fin de l’ancien régime et la nécessité de rester vigilants pour ne pas avoir à subir le retour de l’absolutisme.
Si le 14 juillet est bien une journée qui évoque des festivités et des feux d’artifice parfois majestueux, il ne faut pas oublier que c’est également une journée politique.
Car nous célébrons une victoire qui a bouleversé notre destin, nous célébrons le jour où le peuple de France s’est levé contre l’absolutisme, réclamant la liberté, l’égalité et la fraternité : des mots gravés depuis dans notre devise, et dans le cœur de celles et ceux qui croient résolument en la force de la démocratie.
Le 14 juillet 1789 n’est pas seulement la date historique de la prise de la Bastille. C’est une date qui représente la consécration, obtenue au prix d’immenses sacrifices, consécration de la souveraineté populaire, du droit à décider collectivement, pour que plus jamais le pouvoir ne s’exerce sans le peuple, ni contre lui.
La définition de l’absolutisme est : « un système de gouvernement où le pouvoir du chef de l’État est absolu. » Alors ces mots résonnent curieusement dans le contexte actuel et ils nous encouragent à nous interroger.
Interrogeons-nous sur ce que sont devenus les acquis de la Révolution française et sur la direction que prend notre démocratie. En tant que députée, il me revient de mettre en lumière les évènements récents et inquiétants qui se déroulent au sein de l’Assemblée nationale.
Mardi dernier, nous avons voté la proposition de loi Duplomb alors que nous n’avons pas pu en débattre du fait de manœuvres politiciennes inédites.
Depuis 3 ans, l’Assemblée Nationale n’a pas pu se prononcer sur les arbitrages budgétaires et je crains bien que cette année encore, nous ne nous dirigions, vers la solution autoritaire et anti-démocratique du 49.3.
Il devient de plus en plus courant de bâillonner la représentation nationale, ce qui revient à faire taire les électeurs, leurs choix, et donc la démocratie elle-même.
D’ailleurs, n’oublions pas que ce 14 juillet 2025 coïncide aussi avec l’anniversaire d’une dissolution autocratique à l’issue de laquelle le choix du peuple français a été bafoué par la confiscation de la victoire du Nouveau Front populaire.
Alors, tout en commémorant la fin de l’Ancien régime, songeons à notre régime actuel, peut-être lui aussi devenu trop ancien pour être fonctionnel.
La constitution de la Cinquième République a montré ses limites quand elle est entre de mauvaises mains, puisqu’elle permet à une minorité de conserver le pouvoir.
C’est pourquoi, aujourd’hui, en ce 14 juillet, souvenons-nous du courage de nos ancêtres qui se sont révoltés contre les injustices. Souhaitons qu’enfin, en 2025, 236 ans après, le peuple français reprenne en main son destin en exigeant la convocation d’une Assemblée constituante pour aller vers une 6ème République qui redonnera ainsi tout son sens à notre démocratie.
Une République socialement juste et écologiquement soutenable, pour le peuple et par le peuple.
Vive la République ! Vive la démocratie ! Vive la France !
La Révolution, c’est la France sublimée.
Il s’est trouvé un jour que la France a été dans la fournaise,
les fournaises à de certaines martyres guerrières font pousser des ailes,
et de ces flammes cette géante est sortie archange.
Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle Révolution ;
et désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation
jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot Harmonie.
Je le répète,
ne cherchez pas ailleurs le point d’origine et le lieu de naissance
de la littérature du dix-neuvième siècle.
Oui, tous tant que nous sommes,
grands et petits,
puissants et méconnus,
illustres et obscurs,
dans toutes nos œuvres,
bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient,
poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées
comme devant les foules du théâtre,
comme dans le recueillement des solitudes,
oui, partout,
oui, toujours,
oui, pour combattre les violences et les impostures,
oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés,
oui, pour conclure logiquement et marcher droit,
oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner,
oui, pour panser en attendant qu’on guérisse,
oui, pour transformer
la charité en fraternité,
l’aumône en assistance,
la fainéantise en travail,
l’oisiveté en utilité,
la centralisation en famille,
l’iniquité en justice,
le bourgeois en citoyen,
la populace en peuple,
la canaille en nation,
les nations en humanité,
la guerre en amour,
le préjugé en examen,
les frontières en soudures,
les limites en ouvertures,
les ornières en rails,
les sacristies en temples,
l’instinct du mal en volonté du bien,
la vie en droit, les rois en hommes,
oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne,
oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire,
du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné,
du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage,
de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné,
oui, nous sommes tes fils, Révolution !”
– Victor Hugo